Dans de nombreux cas de rénovation, l’isolation thermique par l’extérieur conduit à des réalisations qui, localement, manifestent des déperditions supérieures à la situation antérieure (sans isolation) ! On comprend, par exemple, que la limite de propriété en habitat mitoyen est un cas impossible à résoudre sans une solution négociée ou commune. C’est ce que nous abordons dans cet article en comparant la simulation numérique et la thermographie.
SIMULATION NUMERIQUE DE L’ISOLATION THERMIQUE D’UN PAVILLON EN MITOYENNETE
Les figures 1 et 2 présentent la simulation numérique (coupes et profils – suivant les pointillés) de la zone mitoyenne de deux pavillons accolés – vus de dessus. On simule de façon simplifiée les parois verticales : parpaing, d’abord sans isolation (a), puis avec isolation intérieure des 2 côtés (b), puis avec une demi-isolation extérieure (c). La température intérieure est de 20°C et la température extérieure est de 0°C.
Figure 2 – Simulation de deux pavillons mitoyens – profils thermiques (suivant les pointillés de la figure 1)
CONSTATATIONS
On constate que :
(a) – sans isolation, la paroi extérieure présente une déperdition en rapport avec sa température de 2,2°C. (Il y a une légère chute de température, au droit du mur de refend mitoyen ce qui est dû au fait que l’on a pris la même conductivité thermique pour toutes les parois. C’est sans importance ici.)
(b) – avec isolation intérieure de part et d’autre du mur mitoyen, la déperdition de la paroi extérieure chute en rapport avec la température de 0,5°C. Il apparaît donc un pont thermique (matériel) du fait de l’absence d’isolation au droit du mur mitoyen. Mais la déperdition est maintenant partout inférieure à ce qu’elle était en l’absence d’isolation. Ceci est intuitif pour tout le monde.
(c) – avec l’isolation extérieure partielle (du fait de la mitoyenneté), on fait apparaître une forte élévation de température (forte déperdition) sur une petite partie de la paroi non isolée, proche de la zone isolée. Comme le montre la figure 1(c), la paroi à gauche se trouve presque à la température intérieure et, par conduction, elle échauffe la paroi de droite non isolée, sur une distance de l’ordre de 20 cm. Il s’agit de déperditions supplémentaires, donc qui n’existaient pas lorsque le pavillon de gauche n’était pas isolé !
CAS REEL
La figure 3 est l’exemple réel qui correspond à la simulation simplifiée précédente. Il ne s’agit donc pas d’un défaut mais d’une irrégularité normale. (Nous ne commentons pas les autres zones de ce thermogramme.)
Le problème est le même quand on isole un étage par l’extérieur et que l’on « oublie » d’isoler le sous-sol, qui, même non chauffé, devient le lieu principal des déperditions de la maison.
Figure 3 – Pavillons mitoyens – Text = 0°C. Avec profil thermique le long de la ligne blanche
CONCLUSION
Ceci démontre l’importance de la continuité de l’isolation, surtout en isolation par l’extérieur. On observe également ces problèmes d’ITE lorsque l’isolation thermique des encadrements des ouvertures a été omise soit par ignorance du sujet, soit par insuffisance de budget.
Bien entendu, pour l’ensemble d’un pavillon, les déperditions sont diminuées, mais puisqu’elles sont (inutilement) augmentées sur certaines zones, le bilan des gains n’est pas aussi favorable que le calcul en fonction de la surface isolée le laisse supposer.