Trop nombreux sont les amateurs de la thermographie qui sabotent la branche sur laquelle ils sont indûment montés, sans formation et sans compétence. Les donneurs d’ordre s’éloignent alors de cette technique qui n’est puissante que dans les mains expertes : personnes formées et, si possible, certifiées thermographes du bâtiment (… Cofrac). Nous discutons ici un document d’un rapport d’intervention qui, sans l’appliquer, se réclame de la norme applicative NF EN 13187.
Il conclut qu’il n’y a pas de problème d’isolation sur cet immeuble – conclusion qui dénonce une incapacité d’analyse et de décision – mais il aurait aussi bien pu indiquer un nombre incalculable de problèmes inexistants, ce qui constitue un autre style de rapport inconsistant.
Absence de maîtrise du cadrage thermique de la caméra
Outre le fait qu’il adopte une palette (palette « fer » ou « iron ») inexploitable dans ce genre de vue d’ensemble, le thermogramme de la figure présente un mauvais cadrage thermique [- 40°C ; + 22,3°C], valeurs sans intérêt et manifestant l’emploi de l’automatisme de cadrage thermique (mode Auto), mode incorrect en thermographie du bâtiment, surtout en extérieur ou en présence de corps de chauffe en intérieur. Le cadrage se bloque à – 40°C en présence du ciel froid à l’arrière plan ; il se cale à +22,3 °Cen présence d’une fenêtre ouverte. L’opérateur aurait dû employer le cadrage thermique manuel (ou corriger ce cadrage dans le rapport) et centrer son intérêt sur le sujet à traiter : l’observation des éventuelles irrégularités thermiques de l’enveloppe du bâtiment et l’identification des défauts. Le Delta T maximum intéressant ne dépasse guère5°C.
Figure – Exemple de thermographie incorrecte dans un rapport de thermographie
De plus, la photographie (prise au même instant avec l’appareil-photo de la caméra elle-même) n’est pas à la même échelle dimensionnelle, ce qui rend l’interprétation moins aisée puisqu’on ne dispose que d’un timbre-poste. Il est donc favorable de représenter les photographie et thermographie de la même scène, à la même échelle et à la même dimension.
Présence de soleil et phase croissante de température extérieure
Il est presque toujours « interdit » de thermographier en présence de soleil et en phase de température croissante de température extérieure. L’ »interdiction » résulte du fait que les irrégularités thermiques qui sont recherchées doivent être générées par le chauffage intérieur et non par le chauffage extérieur transitoire dont les effets sur les structures dépendent des différentes inerties.
Voilà qui dénonce à nouveau que ce thermographe n’a pas suivi de formation ou pas de formation sérieuse. Et il ne semble pas dérangé par le soleil, indiquant alors les « reflets ». Rappelons que le soleil éclaire – et donc échauffe – les parois à l’ombre, par diffusion des rayonnements, sur le sol, le ciel et les autres bâtiments !
D’autres thermogrammes du rapport explicitent clairement que la température extérieure est en phase croissante ; ici seule l’heure nous l’indique. 10 h du matin est, presque tous les jours, une heure de thermographie « suspecte » provoquant des élévations de température sans relation avec la performance énergétique du bâti. Voir à ce sujet l’article « Thermographie : l’inertie thermique – l’erreur classique de la toiture chaude » (http://www.inforenovateur.com/document/lire/410/thermographie-linertie-thermique-lerreur-classique-de-la-toiture-chaude).
Conclusion
Nous n’analyserons pas ici s’il apparaît des absences d’isolation sur cet immeuble neuf. Certains éléments nous conduisent à cette conclusion, vers laquelle n’est pas allé ce thermographe amateur. Son rapport n’avance pas la prétention d’une formation, mais elle affiche la date d’étalonnage de la caméra ainsi que le numéro de son assurance RC ! Deux choses qui ne servent à rien dans les mains inexpertes. Les donneurs d’ordre gagneront donc à se concentrer sur l’essentiel : l’intervenant est-il certifié thermographe du bâtiment dans une démarche contrôlée par le COFRAC ? Ce sera un minimum, bien que non une garantie.
Pour en savoir plus
Liste des certifiés thermographes du bâtiment dans une démarche certifiée par le Cofrac : www.institut-thermographie.net ou www.abcidia-certification.fr.