« Énergiser le bâtiment », c’est la vocation de Promotelec depuis sa création, en 1962. La doyenne des associations sur la problématique de l’électricité demeure en pointe des préoccupations les plus actuelles autour des nouvelles technologies et des grandes tendances de l’énergie et du bâtiment. Tour d’horizon avec Dominique Cottineau, directeur en charge des Territoires chez Promotelec.
Pouvez-vous nous présenter Promotelec et son champ d’action ?
Promotelec est une association qui a été créée en 1962 autour des problématiques de sécurité des installations électriques. La période de l’après-guerre, avec la démocratisation des équipements électriques, a vu croître les puissances nécessaires pour répondre aux besoins croissants des équipements disponibles au sein de chaque foyer. Mais aussi une plus grande sinistralité électrique. Promotelec est donc née de la nécessité de promouvoir les bonnes pratiques liées aux installations électriques auprès des particuliers et des professionnels. Promotelec a ensuite travaillé sur des règles de qualité et d’isolation de l’habitat, ce qui a abouti, en 1971 à une première approche de ce que l’on nommerait aujourd’hui la « performance énergétique » dans le neuf.
Promotelec œuvre désormais autour des trois enjeux fondamentaux : la sécurité et la qualité des installations électriques (notamment sur le parc existant) ; le parcours résidentiel de vie, en intégrant le sujet du maintien de l’autonomie, etc ; la performance énergétique et environnementale des constructions neuves et des bâtiments rénovés. Dans ces domaines, notre rôle consiste à valoriser ces enjeux auprès des filières et du grand public. Nous avons également un rôle de certificateur, au travers de Promotelec Services, avec nos propres labels, permettant de certifier des niveaux comme HPE et BBC en rénovation. Nous travaillons pour ce faire en concertation avec nos 25 membres, acteurs de l’électricité (fournisseurs, fabricants, distributeurs, installateurs), du logement, des institutionnels et des représentants des usagers.
Aujourd’hui, Promotelec traite du sujet « bas carbone », et cette approche influe sur notre vision des nouvelles problématiques actuelles, notamment autour de la production locale d’énergie, dans le contexte d’un bâtiment responsable.
Comment envisager la production solaire photovoltaïque ? Faut-il penser « autoconsommation » ou se tourner vers la revente ?
Dans le contexte réglementaire actuel et celui à venir prévisible (notamment en ce qui concerne la future réglementation environnementale à horizon 2020), il est indispensable de rentrer dans des logiques de production d’énergie renouvelable et de production locale dans les Bâtiments dits « à Energie Positive », c’est-à-dire des bâtiments considérés comme produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment, sur des critères à définir. Dans un cadre urbain, il est également nécessaire de penser le bâtiment, dans ses composantes de consommation et de production, sur une échelle plus vaste, comme par exemple le quartier.
Si l’autoconsommation ne pose pas de problèmes particuliers pour les maisons individuelles, la question demeure plus délicate pour la considérer à l’échelle du logement au sein des bâtiments collectifs, pour lesquels la répartition de l’énergie produite doit faire l’objet de règles. Cette question n’est pas encore parfaitement résolue, mais les choses avancent.
Promotelec, du fait de sa philosophie originelle de « justes exigences », est très favorable à l’autoconsommation, dans la mesure où elle seule permet une approche « frugale » qui va amener à dimensionner au plus juste les installations, en fonction des besoins (qui vont nécessairement se réduire du fait des exigences croissantes des normes), et non des exigences de rentabilité des installations (qui sont subjectives et viseront un horizon temporel le plus proche possible de l’investissement initial). Dans cette logique, l’autoconsommation permet une approche du « ni trop, ni trop peu de travaux », en phase avec la recherche d’un optimum entre consommation et production.
De la même manière, l’autoconsommation va pousser les occupants à rechercher des solutions de stockage « induit » de l’énergie produite, comme par exemple au travers des ballons d’eau chaude thermodynamique.
Comment envisagez-vous le développement des bornes de recharge pour véhicules électriques ?
Les IRVE constituent un marché d’avenir et une évolution nécessaire en tant que prolongement du logement bas carbone. La problématique de la mobilité rejoint celle des occupants des logements, car ce sont eux qui se déplacent : un habitant est une personne mobile et le véhicule électrique permet de penser la personne dans une globalité plus vaste, dans ses différentes « fonctions », comme l’occupation d’un logement ou les déplacements.
Les véhicules électriques sont un sujet qui est arrivé très rapidement dans le débat. De ce fait, les filières ont encore, semble-t-il, peu de visibilité sur ses potentiels, ce qui réduit son périmètre, en termes d’énergie, à une problématique de dimensionnement. Autrement dit, comment penser le réseau électrique public et privé dans une vision à long terme où chacun est équipé d’un véhicule à propulsion électrique ? Nous ne sommes même pas certains des solutions technologiques qui seront démocratisées demain : tout électrique ? hybride ? Dans l’un ou l’autre cas, les contraintes qui pèseront sur les réseaux et sur les comportements individuels ne seront nécessairement pas les mêmes. Aujourd’hui, une voiture peut être utilisée à volonté. Quand il faudra la mettre en charge, ce ne sera plus forcément le cas et cela nécessitera des adaptations profondes de notre rapport à la mobilité. D’un autre côté, le choix d’un véhicule hybride rechargeable permettra de l’utiliser comme un moyen de stockage induit de l’électricité solaire surproduite. Les scénarios sont donc multiples et restent à écrire.
Dans ce cadre, nos préconisations sont assez simples : Penser « pré-équipement IRVE » en cas de rénovation ou en construction neuve ; suivre les évolutions du secteur au plus près ; être vigilant sur la sécurité des installations IRVE.
Pilotage et optimisation de l’énergie : comment consommer mieux, moins et plus intelligemment ?
Avec les constructions neuves conformes à la Réglementation Thermique 2012 ou rénovées en BBC, on a à faire à des bâtiments performants sur le plan énergétique. Leur isolation, les matériaux utilisés et les éléments de chauffage sont désormais très performants. Il devient donc difficile de travailler sur le bâtiment en lui-même si l’on souhaite encore améliorer ces performances : le pilotage devient le moyen le plus approprié pour obtenir une plus grande finesse dans l’utilisation des équipements. C’est ici que la domotique et les éléments du logement connecté trouvent toute leur utilité, et que l’on va commencer à pouvoir parler d’optimisation énergétique au sens propre du terme.
Le pilotage du logement permet en effet de gérer énormément de paramètres, et de « corriger » ce qui pourrait apparaître comme des contradictions. Par exemple, la réglementation impose des surfaces vitrées importantes pour garantir des apports de chaleur solaire en hiver. Mais, en été, ces vitrages deviennent des facteurs de surchauffe. Le pilotage permet d’automatiser la gestion des occultants et des ouvrants, et ainsi corriger ces « effets de bord » de manière automatique, sans intervention humaine. Le bâtiment devient en quelque sorte capable de corriger lui-même ses propres défauts.
Si la domotique nécessite un temps d’adaptation pour les occupants, les industriels ont consacré une part importante de leurs efforts à faciliter l’appropriation de la domotique
La prochaine « vague » de l’optimisation sera sans aucun doute l’intégration de la production locale d’énergie, qui permettra d’utiliser la bonne énergie (celle disponible) au bon moment. Il faut donc penser le bâtiment dans son environnement. L’échelle du quartier nous semble, à ce titre, constituer la granularité la plus adéquate.