Selon le rapport d’expertise de l’Anses, le compteur Linky serait aussi inoffensif qu’une télévision, qu’une perceuse électrique sans fil ou qu’un chargeur de PC. Le niveau d’exposition du champ électrique à 20 cm atteint 3,9 V/m, soit 22 fois moins que la limite réglementaire.
L’installation des compteurs Linky suscite un certain nombre d’inquiétudes auprès des maires, collectifs locaux et associations, notamment en matière de surcoût, de respect de la vie privée ou encore de l’utilisation des données personnelles. Mais ces craintes concernent aussi les risques sur la santé liés à une exposition aux champs électromagnétiques émis par le petit boitier jaune. C’est dans ce contexte que l’Anses a été chargée par la DGS de mener une étude visant à évaluer les effets sanitaires potentiels. Un groupe de travail, composé de sept experts spécialisés dans les domaines de la métrologie, de l’épidémiologie et des sciences humaines et sociales, vient de publier les résultats d’un rapport d’expertise intitulé « Évaluation de l’exposition de la population aux champs électromagnétiques émis par les compteurs communicants ». Conclusion : les compteurs communicants radioélectriques (gaz et eau) et les autres (électricité) présentent une faible probabilité de danger, à court ou long terme, pour la santé.
Des niveaux d’exposition très faibles
Pour appuyer sa thèse, le groupe de travail s’est appuyé sur de nombreux documents scientifiques et articles de presse : normes techniques existantes, résultats de différentes campagnes de mesures, informations des distributeurs d’eau et d’énergie, entretien avec Enedis, GRDF. De plus, l’agence a réalisé une enquête internationale auprès de 18 pays afin de recueillir des informations sur le déploiement des compteurs communicants. Dans le cas du compteur Linky, l’Anses en a conclu que les niveaux d’exposition au champ électromagnétique sont très inférieurs aux valeurs limites d’exposition réglementaires. En effet, le niveau de champ électrique à 20 cm d’un compteur Linky atteint 3,9 V/m, soit 22 fois moins que la limite réglementaire de 87 V/m. Ce qui équivaut à une exposition comparable à celle d’une télévision, d’une perceuse électrique sans fil ou d’un chargeur de PC. Concernant le champ magnétique, les valeurs analysées sont de l’ordre de 0,03 µT à 20 cm du compteur, c’est-à-dire plus de 200 fois en-dessous du niveau maximal autorisé.
Ces faibles niveaux d’exposition viennent confirmer les résultats du rapport de l’Agence nationale des fréquences publié en mai dernier. L’ANFR qui avait réalisé des mesures en laboratoire avait obtenu des niveaux encore plus faibles : 1V/m à 20 cm du compteur pour le champ électrique, 8.10̄⁻ᵌ (700 fois plus faible que la valeur limite de 6,25 µT.
L’Anses a également commandé auprès du CSTB une campagne de mesure visant à préciser l’exposition due au compteur Linky en situation réelle (temporalité, niveau d’exposition…). Ces mesures qui sont attendues très prochainement doivent permettre une comparaison des effets sanitaires entre les anciens compteurs électromécaniques et celles du petite boitier jaune.
Les opposants restent méfiants
Mais pas de quoi rassurer les associations farouchement opposées au compteur Linky. Jacky Bonnemains, président de l’association Robin des Bois, livre sa première réaction : « Il est encore trop tôt pour établir des conclusions aussi définitives. Celles-ci peuvent encore évoluer aux grès des nouvelles études épidémiologiques et d’avis contradictoires ». Et d’ajouter : « Ce qui nous inquiète, c’est le cumul des champs électromagnétiques mais aussi l’obligation d’adopter un appareil qui émet des champs électromagnétiques. Car l’installation de Linky va en appeler d’autres (ndlr : des objets connectés). C’est pourquoi l’Anses demande à chaque fabricant de fournir une fiche de présentation des rayonnements ». Dans ses recommandations, l’agence appelle en effet les opérateurs à fournir une information claire et facilement compréhensible aux usagers quant à leurs modalités de fonctionnement actuel et futur (fréquence et durée des expositions). Et d’anticiper la question de l’exposition, alors que les objets connectés dans les domaines de l’énergie, des transports et de la santé sont amenés à se multiplier.