Réussir un chantier de désamiantage n’est pas qu’une question technique. Chaque site présente ses spécificités, ses difficultés et des règles drastiques d’intervention liées à des impératifs de sécurité. Le désamiantage des sites hyper-sécurisés est la spécialité d’Europamiante, qui a su adapter son mode de fonctionnement et son organisation aux exigences hors-normes de maîtres d’ouvrage soumis à des protocoles de sécurité extrêmement pointilleux. Une spécialisation qui reflète l’ADN d’une entreprise en quête permanente d’amélioration. Les détails avec Carine Rouvier, fondatrice et gérante d’Europamiante.
Quelle est l’histoire d’Europamiante ?
La société est spécialisée dans le désamiantage, la dépollution, la déconstruction et le déplombage. Elle a été créée en 2008 et intervient auprès des particuliers et des professionnels, en intérieur comme en extérieur, dans des secteurs variés. Nous avons connu une croissance rapide et sommes rapidement passés d’une quarantaine de chantiers annuels en 2009, à près de 800 en 2018. Nous comptons à présent 132 collaborateurs.
La spécificité d’Europamiante est de réaliser ses chantiers sans recourir à aucune prestation externe, à l’exception des analyses en laboratoires et du stockage des MCA. Mais notre volume d’activité nous permet de travailler en partenariat privilégié avec deux laboratoires. Nous assurons donc l’ensemble de la chaîne, de notre bureau d’études pour les études de risques et l’élaboration du plan de retrait, au transport sécurisé des matériaux pollués par nos chauffeurs qualifiés ADR, en passant par la pose des infrastructures de confinement et les opérations de désamiantage.
En maîtrisant l’ensemble de la chaîne, nous sommes en capacité de gérer le risque amiante de manière extrêmement fiable. Ceci nous permet d’intervenir sur tous types de travaux, en tous lieux (logements sociaux, hôpitaux, bureaux, usines, garages, terrains, parkings) et sur des chantiers dits « à hauts risques » : milieux occupés, bâtiments sinistrés, avant démolition…
Europamiante est également spécialisée dans les interventions sur sites « hautement sensibles ». Comment avez-vous pu pénétrer ce marché de niche ?
C’est précisément le fait que nous sommes complètement autonomes et que nous pouvons prendre en charge un chantier de l’étude à l’évacuation des déchets, sans faire intervenir de prestataires, qui nous a ouvert les portes de ces marchés.
Les sites « hyper-sécurisés » peuvent ne pas être des sites dangereux sur un plan opérationnel, comme peut l’être, par exemple, une intervention dans une centrale nucléaire. Il peut s’agir de sites sensibles sur le plan de la sécurité nationale, comme des sites « Classés Défense », dans lesquels aucune fuite d’information n’est envisageable. Il peut également s’agir de sites dont la sécurité des occupants est particulièrement surveillée, comme l’Elysée ou le Sénat. On n’y entre donc pas facilement et il est indispensable d’adapter les processus de l’entreprise et nos collaborateurs à ces situations.
Ces interventions sont complexes et nécessitent, pour chaque collaborateur qui va être amené à travailler sur ce site, de se plier à un « criblage diplomatique ». C’est-à-dire qu’il devra fournir ses documents d’identité et fera l’objet d’une enquête approfondie sur ses antécédents judiciaires, ses déplacements en France ou à l’étranger…
Une fois sur site, notre personnel et notre matériel sont contrôlés par une brigade cynophile, puis escortés jusqu’à leur zone de travail. Les chantiers sont compartimentés et la circulation y est très restreinte. Il a donc fallu former nos équipes à ces contraintes très particulières et, surtout, être capables d’anticiper les exigences de la maîtrise d’ouvrage de ces sites. Ceci requiert évidemment d’avoir des équipes en lesquelles nous avons une confiance totale et au passé irréprochable, mais également d’intégrer l’allongement des délais induits par les procédures de vérification en amont et durant le chantier. Quelquefois, des chantiers relativement simples sur des sites « normaux » vont voir leur durée doubler sur des sites sensibles. Il faut donc l’intégrer dans nos plannings humains et matériels.
D’autres sites protégés peuvent également induire des contraintes fortes, mais pour d’autres raisons : une intervention sur un monument historique, par exemple, peut nécessiter des précautions plus importantes et plus complexes pour préserver le lieu que pour le chantier de désamiantage en lui-même.
Europamiante innove également sur le plan organisationnel. Pouvez-vous nous en parler ?
Notre société s’est fixée trois valeurs-phares : Qualité, Satisfaction client et Bien-être. Or, nous avons rapidement compris que les deux premières ne peuvent fonctionner que si la dernière est une réalité pour les collaborateurs. Nous avons donc très vite intégré des équipements (salle zen, fauteuil de relaxation…) et des pratiques (cantine collective bio, engagements avec des producteurs locaux…) qui permettent à nos collaborateurs de se sentir bien chez nous.
La dernière étape en date dans ce mouvement de « remise au centre » de l’humain, c’est la démarche d’auto gouvernance que nous avons initiée il y a un peu moins d’un an. Le changement est radical, puisque nous nous inscrivons dans la démarche dite « de l’entreprise libérée ». Europamiante est donc désormais organisée en équipes de 7 à 12 personnes qui prennent en charge le client de A à Z, qui sont autant « d’entreprises dans l’entreprise » et autant de pôles de spécialité : « Sous-Section 4 », « Bulle à risques » « Travaux en hauteur, « Appels d’offres »…
Nous avons remarqué qu’en fonctionnant ainsi, le client était mieux pris en charge. Cette organisation autonome modifie radicalement l’état d’esprit des collaborateurs et des managers : on ne les perçoit plus uniquement à travers leur fonction, mais à travers leur personnalité, ce qui permet de valoriser les compétences en interne, donc d’accroître les compétences de back-up et, au final, de mieux servir le client. Au sein de ce système, pour « mettre de l’huile dans les rouages », les anciens managers sont devenus des « experts accompagnateurs » qui orchestrent le fonctionnement de l’ensemble.
Cette organisation a nécessité la conception en interne d’un outil collaboratif connecté. Il s’agit d’une application en mode Cloud qui nous permet de gérer les dossiers en commun, entre les chefs de chantiers, le bureau d’études, les responsables techniques, etc. Toute l’activité de l’entreprise est progressivement intégrée dans cet outil, qui est également mis à disposition de nos clients afin de leur donner accès en temps réel aux informations sur leur chantier.
Le cercle se veut donc vertueux : en libérant l’entreprise, les collaborateurs travaillent en autonomie, ce qui nous oblige à partager de l’information, que nous mettons à disposition du client. Et nos équipes font ainsi tout pour le satisfaire.