De nombreuses contraintes entourent les opérations de repérage amiante dans le métro. Responsable d’activité Bâtiment à Lyon au sein d’AC Environnement, Julien Tholance revient sur les missions effectuées par les diagnostiqueurs dans le métro lyonnais et les particularités de ces interventions.
AC Environnement est l’opérateur de diagnostic amiante du métro de Lyon. Quels types d’interventions effectuez-vous ?
AC Environnement a en effet remporté un important marché public auprès du Syndicat mixte des transports pour le Rhône et l’agglomération lyonnaise (Sytral). Depuis 2016 et jusqu’en 2024, nous réalisons pour leur compte l’ensemble des diagnostics amiante, que ce soit dans le métro, sur les rames, sur la voirie, dans les dépôts de bus et dans leurs ateliers de réparation. Ce marché public intègre notamment le projet de modernisation de la ligne B, avec des rames et des lignes de nouvelle génération, entièrement automatisées (Avenir Métro).
De nombreux réseaux parcourent les métros, l’amiante peut donc se trouver dans des éléments très divers comme les lignes d’aiguillage ou sur les plaques de fibro-ciment qui recouvrent les gaines techniques de chemin de câble. Le milieu étant soumis aux appels d’air, nous effectuons également des états visuels de conservation et des contrôles annuels de l’air afin de vérifier les émissions de fibre d’amiante dans les tunnels.
Quelles sont les contraintes du repérage amiante dans ce milieu ?
Il faut savoir qu’un métro ne s’arrête quasiment jamais. Nos équipes ne peuvent intervenir qu’entre une heure et quatre heures du matin, ou encore le 1er mai. La planification des interventions doit donc être parfaitement maîtrisée, avec une vision sur le long terme. Chaque nuit, les techniciens interviennent sur deux inter-stations en moyenne, soient près de deux kilomètres de tunnel. Ce qui prend du temps, c’est d’effectuer un prélèvement sur un matériau suspect, le suivre et tirer toute la zone homogène pour vérifier qu’il s’agit du même tout le long du cheminement de l’inter-station. Une vingtaine de prélèvements sont ainsi effectués par nuit. L’absence de lumière ralentit le travail des opérateurs, qui se déplacent à pied d’une station à l’autre.
La sécurité des équipes est également très importante. Nos quatre techniciens en mission dans le métro lyonnais ont reçu des formations spécifiques – notamment la TCL2 et la CAT2 dispensées par le Sytral – pour apprendre les consignations des lignes de métro et les particularités de cet environnement. Pour alimenter les rames, 750 volts en courant continu circulent dans les rails : nous sommes donc munis de très gros coupe-circuits pour assurer une deuxième sécurité, en complément de la consignation. Nous sommes aussi équipés de panneaux et feux de signalisation pour indiquer notre présence aux métros de chantier utilisés pour l’entretien.
Les interventions que nous menons à l’air libre pour le Sytral ont aussi leurs spécificités ! Pour l’extension du tramway, nous avons effectué des carottages au niveau des enrobés HAP pour vérifier la présence d’amiante avant la réalisation des saignées et l’installation des rails. Pour ces opérations, nous avons à notre disposition un camion totalement équipé pour les carottages, avec un groupe électrogène à l’intérieur, des réserves d’eau pour effectuer les percements, des panneaux de signalisation ou encore des quilles pour faire les arrêts sur la voirie. Avant de commencer l’intervention, les chargés de projets font une demande de DICT (Déclaration de travaux à proximité de réseaux), qui nous indique tous les réseaux enterrés : les conduites de gaz, d’eaux usées et d’eaux potables, ou encore les conduits électriques et la fibre optique. Cette cartographie précise leur profondeur pour savoir jusqu’où nous pouvons carotter.
Quels ont été les atouts d’AC Environnement pour répondre à l’appel d’offres ?
Via notre agence de Paris et les missions effectuées pour le compte de la RATP, nous avons une bonne expérience des réseaux ferroviaires enterrés. Nous étions ainsi très bien renseignés sur nos mémoires techniques et nous avions déjà des techniciens habilités pour les interventions sur les TGBT (tableaux électriques basse tension). AC Environnement dispose par ailleurs d’importants effectifs : douze techniciens à Lyon, dont quatre pouvant être mobilisés de nuit pour les interventions dans le métro, sans impacter nos autres interventions.
Autre atout important, AC Environnement dispose de son propre laboratoire en interne. Un avantage qui permet de fournir des résultats d’analyse très rapidement – en moins de 24 heures -, notamment lors d’interventions d’urgence pour le Sytral.