Une centaine d’entreprises ont participé à la matinée de prévention organisée mardi par la Direction du Travail sur le thème de la nouvelle réglementation « Amiante ». Au 1er juillet, toute entreprise devant intervenir sur un chantier diagnostiqué positif à la présence de cette microparticule cancérigène ne pourra le faire qu’avec des employés spécialement formés.
« Déjà que c’était difficile… », s’indigne Pascal, un petit entrepreneur très inquiet pour les conséquences économiques de l’application de cette nouvelle réglementation dans son entreprise : « On vient de nous présenter l’équipement réglementaire : un masque à particules et une tenue hermétique, comme si tu devais intervenir en milieu nucléaire ; un aspirateur très haute efficacité… Ils nous envoient où là ? » Une fois enfilé, l’attirail qu’il nous décrit ne permet pas une intervention de plus de deux heures, compte tenu des conditions climatiques locales… C’est pourtant l’équipement type que devra revêtir dès juillet prochain tout employé avant d’intervenir sur la structure d’un bâtiment diagnostiqué positif à la présence d’amiante. Et l’espace aura préalablement dû être confiné afin d’éviter le risque de contamination de l’extérieur.
Comme le stipule l’arrêté n°753 CM du 2 juin dernier, à compter du 1er juillet 2018, aucune entreprise du bâtiment ne pourra plus intervenir dans un lieu susceptible de contenir de l’amiante sans avoir au préalable établi un mode opératoire adéquat et aucun de ses employés ne pourra travailler sur un tel chantier sans avoir au préalable suivi une formation délivrée par un organisme agréé, à la charge de son employeur.
De l’amiante un peu partout
Parallèlement, les chantiers devront avoir fait l’objet d’un diagnostic ‘amiante’, à la charge du propriétaire du bâtiment. Quatre organismes disposent des agréments localement pour cela.
Depuis le 1er janvier 2009, l’importation et la mise sur le marché de tous produits contenant des fibres d’amiante sont interdits en Polynésie française. Mais jusqu’alors, cette substance minérale naturelle bon marché, imputrescible, et aux propriétés isolantes exceptionnelles était présente à des doses variables dans à peu près tous les produits du bâtiment. On trouvait de l’amiante dans les enduits, les mastics, les colles, les joints, les tuyaux et gaines, dans les faux plafonds, les dalles vinyle, certaines peintures, dans les produits en fibrociment… Autant dire qu’il est fort peu probable de trouver un bâtiment construit avant 2009 qui ne contienne pas de l’amiante. Hors, on connait aujourd’hui le risque cancérigène lié à l’inhalation de microfibres d’amiante (400 à 2000 fois plus fines qu’un cheveu).
« Pour l’instant la CPS ne compte qu’une dizaine d’anciens salariés suivis pour une maladie professionnelle liée à l’amiante », explique Rocky Hunter, conseiller en prévention à la Caisse de prévoyance sociale. « Mais lorsqu’on fait des contrôles, on constate souvent que les employés n’ont pas la connaissance pour intervenir en sécurité. On sait aussi qu’en Métropole aujourd’hui, les comptes de la Sécurité sociale sont très affectés par la charge des maladies liées à l’amiante. Ce qui nous importe ici, c’est de faire de la prévention ».
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