Qu’est-ce que le coût global ?
La longueur de l’article interdit tout développement exhaustif sur le sujet. Pour les fervents d’équations, il existe de nombreux ouvrages d’économétrie qui expliquent toutes les finesses et variantes de son calcul. Nous nous contenterons ici de définir le coût global comme une somme des coûts d’investissement et des coûts futurs liés à l’utilisation du bâtiment.
Cette définition cache quelques difficultés : sur quelle période calculer les coûts futurs ? Avec quelles hypothèses, et notamment comment les prix des énergies varieront-ils ? Pour la période, le choix est lié à divers paramètres tels que la durée de vie de certains constituants du bâtiment, ou bien à la durée de vie présumée de celui qui investit…, ou encore celle présumée du bâtiment.
Pour les prix, la boule de cristal ne suffit pas. Il faut établir différents scénarii d’évolutions futures et faire plusieurs calculs pour estimer les conséquences sur le coût global.
Autre question qui se pose : 1 € dépensé par exemple en 2040 a moins de « poids » que celui dépensé en 2011, et ce, indépendamment de l’érosion monétaire. En effet, celui de 2011 sera réellement dépensé tandis que l’autre n’est qu’une hypothèse. Et plus on s’éloigne dans le futur, plus cette dépense est incertaine.
Il faut alors pondérer les euros dépensés dans le futur par rapport à ceux qui seront immédiatement dépensés en 2011. Cette pondération s’appelle l’«actualisation».
Ainsi, en additionnant les coûts d’investissement d’aujourd’hui avec les dépenses futures « actualisées », on calcule un « coût global actualisé » (CGA).
Quels sont les «plus» du CGA ?
L’avantage d’un tel critère économique est de pouvoir comparer des solutions très différentes : par exemple, un chauffage électrique (faible coût d’investissement, mais fort coût d’exploitation) et un chauffage gaz ou un chauffage par pompe à chaleur (coût d’investissement plus élevé, coût d’exploitation plus faible).
Ainsi, on ne privilège plus systématiquement la solution la moins chère à l’installation. En outre, il est possible d’intégrer dans la comparaison, les coûts d’entretien, de maintenance et leurs variations dans le temps ainsi que les fréquences des travaux de rénovation ou de réparation.
Pourquoi le CGA est si peu utilisé ?
En premier lieu, il faut choisir des hypothèses de calcul adaptées au cas traité. Rien de moins simple…Quelle période prendre en compte (la durée d’actualisation) ? 10 ans, 20 ans, 30 ans, 80 ans… ? Comment choisir un « taux d’actualisation » raisonnable qui, dans le calcul, minimisera les dépenses futures par rapport au présent ?
Toutes ces hypothèses sont délicates à définir. Elles dépendent avant tout du type d’investisseur (privé, public, particulier, professionnel). Une collectivité territoriale, un promoteur, un particulier n’ont pas la même démarche, les mêmes intérêts, les mêmes priorités pour décider.
Le choix des hypothèses peut inverser la hiérarchie des solutions étudiées. L’ordre A, B, C peut se transformer en B,C,A ou C,A,B…
En second lieu, le calcul n’a pas la simplicité d’une simple addition. Il peut en rebuter certains.
Enfin, le résultat final ne dépend que des hypothèses choisies. Il sera vérifiable dans 10 ans, 20 ans…
Autrement dit, le CGA est un critère intéressant mais à manier avec sérieux et prudence. Il faut du temps pour établir les priorités du décideur, pour bien comprendre ses contraintes de financement, pour bien adapter les hypothèses de calcul aux solutions envisagées. Dès lors, il est aisé de comprendre pourquoi le CGA a des difficultés à sortir de sa marginalité.
Le CGA : un critère à utiliser… mais pas tout seul
On aura compris que le CGA ne poussera pas systématiquement le décideur vers le « moins disant », mais plutôt vers le « mieux disant ».
Mais si le calcul montre que la solution « A » est préférable à la solution « B » alors que le décideur n’a pas les moyens financiers de choisir « A », c’est finalement vers « B » que s’opérera son choix.
Par ailleurs, la solution « A » peut être économiquement la meilleure, mais en est-il de même pour d’autres aspects (émissions de CO2, pollutions, facilité d’usage, confort,…) ?
Concluons en rappelant ces évidences : le choix d’un investisseur est multicritère et le bien fondé du CGA ne tient qu’à la pertinence des hypothèses choisies pour effectuer son calcul.