Connu essentiellement sous le terme de « maquette numérique », le Building Information Modeling (BIM) ou « Modélisation des Informations du Bâtiment » en Français, est en réalité beaucoup plus que cela. En quoi la maîtrise et la mise à jour constante des données d’un bâtiment peuvent-elles faciliter les opérations de rénovations thermiques ? C’est la question posée à Jérôme BONNET, directeur Développement BIM chez AC-Environnement.
Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est précisément le BIM ?
Le BIM est, avant toute chose, une base de données descriptive d’une construction, qui est collaborative et centralisée, et s’appuie sur une représentation 3D. Cette représentation 3D, la fameuse « maquette numérique », n’est en fait que l’aboutissement et la traduction graphique de l’ensemble des données qui auront été préalablement collectées et compilées sur un bâtiment donné.
Le fait de disposer de toutes les données, notamment techniques, sur un bâtiment, permet d’assoir toutes les études futures (et donc, celles préalables à une rénovation énergétique) sur des données contrôlées et, surtout, à jour.
Pour le maître d’ouvrage, la base de données BIM permet de faciliter la communication avec la maîtrise d’oeuvre, puisqu’il s’agira uniquement de lui transmettre des données ou de lui donner l’accès à la base BIM. Sans cette base, le maître d’ouvrage se retrouve souvent à devoir faire lui-même des métrés, à rechercher des documents papier, etc… Ceci permet à chacun de se concentrer sur son métier, et finalement de gagner du temps et de la qualité dans les données transmises.
Côté maître d’œuvre, le BIM permet de disposer très simplement d’un accès de l’état du bien (surfaces, qualité et nature des matériaux, historique des interventions et des travaux…), ce qui lui fait gagner un temps précieux sur chaque opération.
En amont de l’opération de rénovation énergétique, que peut apporter le BIM ?
Tout dépend de ce que l’on entend par « amont ». Dans les immeubles qui nous intéressent ici, c’est-à-dire des bâtiments construits entre 1950 et 1980, la phase amont correspondra bien souvent à la mise en place d’un BIM. Car, si le BIM est facile à constituer sur des immeubles neufs ou très récents, les données disponibles sur les immeubles anciens sont, a contrario, très rares…La phase amont consistera à faire une « photographie » de l’immeuble avant d’envisager l’opération de rénovation, pour optimiser celle-ci, et pour définir exactement ce dont on parle.
L’apport d’AC Environnement sur ce sujet est d’avoir fait le choix, en tant que multi-expert du bâtiment, de capturer l’existant, en récoltant des données qui ne nous étaient pas forcément utiles sur le moment, sur des bâtiments pour lesquels nous sommes appelés pour réaliser, par exemple, des diagnostics techniques. Grâce à notre leadership dans les diagnostics, nous avons pu récolter et traiter une multitude de données sur les immeubles de nos clients, et les regrouper sur une plateforme, CM-BIM, que nous mettons à disposition de nos clients maîtres d’ouvrage, et qui permet à chacun de disposer de ces informations. Sur les immeubles anciens que nous avons étudiés, la rénovation thermique pourra se faire sur une base BIM mise en place par nos soins.
Pour ces immeubles, avant de faire quoi que ce soit, il faudra donc constituer la base de données pour pouvoir bénéficier des atouts du BIM, dont le plus important est la capacité à réaliser des simulations sur la base de données interprétables.
En aval de l’opération de restauration, quels sont les apports du BIM ?
C’est précisément à l’issue d’une opération de restauration menée grâce aux données du BIM que celui-ci révèle son potentiel. En effet, une modélisation BIM ne va pas tenir compte uniquement des données techniques d’un bâtiment, mais également de ses composantes démographiques, sociologiques et comportementales.
Une modélisation BIM va mettre en évidence des composantes autres que techniques qui vont influer sur le résultat final d’une rénovation énergétique à savoir, en premier lieux, réaliser des économies. Une étude BIM complète va mettre en exergue des failles purement techniques, certes, mais aussi des défauts de comportements ou d’occupation, qui vont permettre aux occupants de l’immeuble de corriger de mauvaises habitudes qui nuisent à une bonne performance énergétique. C’est donc une opportunité sans pareille de sensibiliser les occupants et, surtout, de les responsabiliser.
La modélisation BIM permet donc de s’engager sur des obligations de résultats concrets et mesurables (baisse de la consommation, augmentation du confort) et non plus uniquement sur une obligation de moyens, c’est-à-dire qui se limiteraient à la mise en œuvre exclusive de solutions techniques (double-vitrage, sondes de températures…). Nous sommes donc dans une approche globale pour proposer des solutions elles aussi globales. L’aspect technique demeure, bien évidemment, mais il cède le pas à la responsabilisation des acteurs du bâtiment.