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Étalonnage des matériels de diagnostic : normes à venir, taux de conformité et actions d’entretien

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L’étalonnage des appareils de mesure est essentiel pour garantir la qualité des diagnostics et la sécurité des installations électriques et de gaz. Depuis plus de deux ans, Testoon a développé un laboratoire de métrologie dédié à l’étalonnage des équipements utilisés par les diagnostiqueurs immobiliers et les bureaux de contrôle. Retour sur les enjeux et les évolutions à venir avec Jean-Michel Catherin, dirigeant de Testoon.

Testoon propose depuis plus de deux ans l’étalonnage des appareils de mesure. Quels enseignements en avez-vous tirés ?

En effet, cela fait plus de deux ans que nous avons mis en place un laboratoire de métrologie et que nous proposons des services d’étalonnage pour divers appareils de mesure utilisés par les diagnostiqueurs immobiliers et les bureaux de contrôle technique dans le domaine de l’électricité. Nous offrons des prestations dans trois principales catégories de produits : la vérification métrologique des télémètres laser, des appareils de contrôle de sécurité électrique, et des appareils de mesure du monoxyde de carbone utilisés pour contrôler les chaudières.

Nous avons réalisé plusieurs centaines d’étalonnages pour les équipements utilisés par nos clients en France, ce qui nous permet de tirer des conclusions intéressantes et statistiquement significatives.

Concernant les télémètres laser, nous avons eu la bonne surprise de constater que la majorité des appareils sont conformes lorsqu’ils sortent de notre laboratoire : moins de 5 % des télémètres laser présentent des défauts de conformité. Pour les modèles de haute qualité, comme ceux de Leica, un entretien régulier et un nettoyage des lentilles suffisent souvent à rétablir leur conformité.

Pour les appareils de sécurité électrique, les résultats sont plus variés. Ces appareils, étant complexes et dotés de nombreuses fonctionnalités, montrent une non-conformité plus fréquente. Lors d’une vérification métrologique, nous contrôlons jusqu’à 80 points de mesure. Environ 20 à 25 % des appareils sont non conformes et nécessitent réparation ou remplacement. Environ 30 % des appareils présentent des non-conformités dans une ou plusieurs fonctionnalités, tandis que 60 à 70 % sont conformes. Cependant, pour les appareils présentant des non-conformités mineures, il est parfois possible de les déclarer bons pour service, surtout si toutes les fonctionnalités ne sont pas utilisées par les diagnostiqueurs immobiliers.

Concernant les appareils de mesure pour le gaz, nous avons quelques inquiétudes. Près de 80 % des appareils que nous recevons sont non conformes à leur arrivée, avec des non-conformités parfois significatives. Il n’est pas rare de trouver des baisses de sensibilité importantes. Par exemple, un appareil censé détecter une concentration de monoxyde de carbone de 50 ppm peut, après plusieurs années sans étalonnage, donner des résultats beaucoup trop bas, comme 15 à 20 ppm, ce qui conduit à des diagnostics erronés.

Les diagnostiqueurs ont-ils modifié leur approche en matière d’étalonnage de leurs appareils de mesure ?

Un de nos objectifs a été de sensibiliser nos clients à l’importance de l’étalonnage. Il y a quelques années, il semblait que nos efforts étaient peu réceptifs, car aucune obligation n’existait à ce moment-là. Aujourd’hui, environ 10 % des diagnostiqueurs effectuent un entretien avec vérification métrologique de leurs appareils. Bien que ce chiffre reste modeste, nous observons une prise de conscience croissante, avec de plus en plus de demandes en ce sens.

Y a-t-il une nouvelle norme qui imposera aux diagnostiqueurs de contrôler leurs appareils de mesure ?

Oui, en effet. J’ai participé à l’élaboration de la nouvelle norme proposée par le Centre National des Professionnels du Gaz (CNPG), visant à normaliser et à imposer des évolutions sur le protocole de mesure des installations intérieures de gaz, connue sous le nom de NFC 45-500. Cette norme introduira des exigences spécifiques concernant le matériel de mesure, sa performance et son étalonnage.

À partir de 2025, les appareils devront se conformer à un cahier des charges précis, avec une obligation de précision de mesure du taux de monoxyde de carbone à 3 ppm. Un étalonnage initial sera également requis, avec un certificat d’étalonnage à la sortie d’usine ou du fournisseur. Une vérification périodique sera nécessaire tous les trois ans, puis tous les deux ans.

Nous espérons qu’en deux à trois ans, le parc d’appareils sera adapté pour assurer les contrôles nécessaires à la sécurité des installations de gaz. La norme, annoncée en mars 2024, sera fortement recommandée tout au long de l’année 2024, avec une obligation probable dès début 2025.

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