Sébastien Meunier, directeur du développement chez ABB, répond aux questions sur le pilotage des solutions de stockage de l’électricité dans le Bâtiment à l’occasion du Grand Circuit Energiser le Bâtiment.
Transcription
Quel est l’impact des nouvelles solutions de stockage sur les réseaux électriques ?
Je vais revenir un instant sur les systèmes de stockage. De quoi parle-t-on ? On a vu apparaitre des systèmes de stockage, par exemple dans le résidentiel (du 3 kW). Là, les systèmes de stockage d’énergie dont on parle, c’est de 30 à 1600 kW, pour chaque sous-système. Evidemment, on peut étendre les capacités par modules de la quantité de batteries dont on a besoin, au delà de la puissance. Nous sommes sur des capacités assez conséquentes. L’impact, ça va être de se mettre d’accord si l’on veut autoconsommer ou réinjecter. Il y a donc un impact contractuel qui est important. On a vu les conventions d’autoconsommation apparaitre à ce sujet là.
Et puis il y a un impact sur le dimensionnement du réseau, c’est à dire sur la conception même de l’architecture électrique d’un site ; le fait même d’introduire des systèmes de stockage va modifier l’architecture électrique du réseau. Donc il y a un impact sur la conception et l’exploitation.
Est-ce que les nouveaux systèmes amènent de nouveaux risques ?
Je vais en citer deux. Ces nouveaux systèmes énergétiques fonctionnent, ils sont disponibles. On a des sites d’expérimentation. Par rapport au challenge que je citais tout à l’heure, le premier risque c’est de savoir si collectivement on saura saisir les opportunités de ces nouveaux systèmes énergétiques ? La PPE a donné un certain nombre d’objectifs à atteindre. Maintenant la question c’est « comment on va les atteindre ? » On sait que l’on ne pourra pas tout faire avec des décrets et des obligations. Le vrai risque que l’on a, et en même temps l’opportunité, c’est de mettre en oeuvre ces nouveaux systèmes énergétiques. On a notamment un contrat stratégique de filière qui a été signé sur les nouveaux systèmes énergétiques. Maintenant, il faut que l’on se mette tous ensemble autour de la table pour savoir comment on va atteindre ces objectifs. C’est facile de mettre dans un décret « moins 50 % », mais comment on fait ? C’est à nous collectivement de le faire.
Après, on a une deuxième risque qui est plus lié à la profession d’intégrateur électricien : même si les conditions de marché deviennent favorables, on a de la formation à mettre en place. On a une vision système qui est un peu différente de celle que l’on a aujourd’hui du lot technique courant fort. Donc il faut intégrer des dimensions supplémentaires. Le risque, c’est que si on n’arrive pas à produire suffisamment de formation de qualité, si les entrepreneurs ne se saisissent pas de ce sujet, on va passer à côté.
Comment le big data peut-il contribuer aux économies d’énergie ? Des exemples concrets ?
La caractéristique des objets connectés, c’est que ça génère beaucoup de données. Mais qu’est-ce que l’on peut en faire ? Il y a deux grandes applications.
Des applications sur la régulation des usages. Les automatismes c’est très bien, mais avec le big data et l’intelligence artificielle on va avoir des fonctionnalités supplémentaires. Par exemple de prévision des scénarios d’occupation. Non pas conventionnels mais basés sur des données réelles ; basés sur l’auto-adaptation du bâtiment. Donc sur des éléments qui ne relèvent pas forcément d’automatismes ou de plages horaires fixées, mais plutôt d’une adaptation temps réel par rapport à l’usage réel du bâtiment, par rapport aux contraintes financières et confort fixées par les occupants ou les exploitants. On sait que l’on peut avoir des économies réelles qui vont de 20 à 60 %, mais si on ajoute du big data et des algorithmes on peut aller encore beaucoup plus loin sur ces économies d’énergie.
Il y a un deuxième gain supplémentaire, c’est celui lié à la flexibilité. Ce n’est pas directement une économie d’énergie, mais ça peut être une économie financière parce que je vais pouvoir générer des revenus grâce à mes scénarios de flexibilité. Je vais avoir un agrégateur ou un fournisseur, par exemple, qui va me rémunérer parce que je vais rentrer en scénario d’autoconsommation, ou au contraire parce que je vais sous-tirer sur le réseau. On va me payer pour que je consomme parce que je vais contribuer à l’équilibre du réseau. Ce n’est pas une économie d’énergie mais une économie financière.